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uvres complètes
bilingues de Pèire Cardenal |
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XXII Senh En Ebles, vostre vezi |
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( Sirventes.) |
- avant 1209 - |
( Sirventès ) |
I Senh En Ebles, vostre vezi |
1 Seigneur Eble, noble sire, |
II Tals n'i a, mas non dirai qui, |
2 Ces gens-là, - mais je ne dirai pas lesquels - |
III En jurar de femna no-m fi |
3 Je n'ai guère confiance en une promesse de femme |
IV Tals a lo semblan enfanti |
4 Telle a une apparence enfantine |
V Dig vuelh aver de sarrazí |
5 Je veux avoir parole de sarrasin, |
VI Can fai tort e messonjas di |
6 quand il nuit aux autres et dit des mensonges |
NOTES: Ce sirventès a peut être été écrit en Auvergne, à Olliergues; chez Eble à qui il est adressé. Eble de Clermont, seigneur d'Olliergues, était le frère de Gui II , comte d'Auvergne. Les "voisins" d'Eble, si peu généreux, sont les féodaux du Gévaudan, du Viennois et du Velay que P.C. connaît bien. maraboti = maravédis = monnaie espagnole de faible valeur * barbari = monnaie frappée par les vicomtes de Limoges, son nom lui venait d'une effigie à barbe de Saint Martial. fin de la strophe V: Certains ont traduit "castella" par "Castillan", mais les arguments de Lavaud en faveur de "châtelain" sont convaincants... |
Cobla anonyme . XIII ème s. |
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D'omes atrobi totz aitals Con fetz En Peires Cardenals: Di que lur faiz es tan bestials Que porc foron, mastin e can; Los escarnis e-ls vai blasman Ades los vei mais enfolir Per que totz homs los deu fugir. Pero, qi non s'en pot loingnar, Tot qan dizon deu hom lauzar, Q'autresi taing als fols dire plazer Com als savis, qan si pot eschazer. |
Des hommes, j'en trouve beaucoup tout à
fait tels que les trouva sire Peire Cardenal : il dit que leur conduite est si bestiale qu'ils furent porcs, mâtins et chiens; il les raille et les va blâmant, toujours il les voit devenir plus fous, c'est pourquoi tout homme doit les fuir. Pourtant, si l'on ne peut s'éloigner d'eux, on doit louer tout ce qu'ils disent , car il convient de dire aux fous ce qui leur plaît aussi bien qu'aux sages, quand cela peut advenir. |
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NOTE: L'imitateur de P.C. semble sur la fin le contredire
faisant observer que, devant vivre avec les fous, il est bien obligé
de paraître les approuver. |