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uvres complètes
bilingues de Pèire Cardenal |
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XXVIII Ab votz d'angel... |
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(Sirventes. ) |
- vers 1229 - |
( Sirventès ) |
I Ab votz d'angel, lengu'esperta, non bléza, |
1 Avec une voix d'ange, langue experte, prononciation parfaite, |
II Si non, con il, mangem la bona freza |
2 Nous ne mangeons pas, comme eux, la bonne fraise de veau |
III Aissi con cil que bevon la serveza |
3 aussi bien que ceux qui boivent la cervoise |
IV Religïos fon, li premieir', enpreza |
4 Le premier ordre religieux fut fondé par des gens |
V Esperitals non es la lur paubreza: |
5 Leur pauvreté n'est pas de l'ordre de l'esprit , |
VI Ab prims vestirs, amples, ab capa teza, |
6 Avec des vêtements légers et amples, à la chape bien étalée, |
VII S'ieu fos maritz, mot agra gran fereza |
7 Si j'étais mari, j'aurais bien grande frayeur |
NOTES: Très virulente satire contre les Dominicains dont on sait le rôle qu'ils ont joué dans la Croisade contre les Albigeois. Ils sont ici dénommés sous leur appellation populaire de "Jacobins" qui leur vient de leur établissement à Paris en 1218 dans l'hospice des pélerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Texte souvent choisi pour figurer dans les anthologies. Texte faisant partie des "Tròces causits" (voir Bibliographie) NOTES DE C.E. WHITEHEAD : Dans ces vers P.C. s'amuse un peu d'infécondité des beguinas qui produit même 'des fruits' (c'est-à-dire, les béguines, mais, d'après Hill et Bergin, le mot beguinas veut dire les soeurs religieuses de l'ordre Dominicain; veuillez voire, s.v.p, Raymond T. Hill et Thomas G. Bergin, 1973, Anthology of the Provençal Troubadours, 2 [Yale University Press; isbn = 0-300-01405-8]: 68). Pour la plupart du sirventes bien-sûr P.C. se moque des Dominicains, mais à la fin du sirventes le ton de ses vers s'est changé un peu, et le troubadour nous explique que tout-cela qu'il a bafoué est néanmoins miracle provenant des 'pères saints', ce qui nous suggère un point de vue qui est à la fois critique mais acceptant des changements dans sa vie à l'époque des Jacobins, et cela nous indique, d'après quelqu'uns, que le troubadour a accédé à une offre de mariage. C'est intéressant aussi que P.C. parle plus tôt dans ce sirventes: des Jacobins qui "Ni parton ges lur draparia/Aissi com sains Martins fazia" ('lls ne partagent guère leurs vêtements [capes? du clergé] comme a fait le Saint Martin'). * Il faut remarquer aussi que, en tout cas, dans ces vers, P.C. se distingue bien-sûr au moins un peu des "Vaudes", et enfin sa foi nous paraît très semblable à celle des Catholiques -- par exemple, dans le sirventes, "Un estribot farai, que er mot maistratz", il nous dit qu'il croit à la Trinité: Qu'ieu ai en Dieu crezensa que fon de maire natz, D'una santa pieusela, per que.l mons es salvatz. E es paire e fils e santa trinitatz, E es tres personas e una unitatz. |